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Cryptomonnaies bloquées sur une plateforme d’échange : que faire et pourquoi consulter un avocat ?

Depuis plusieurs années, les plateformes d’échange de cryptomonnaie se sont imposées comme un passage obligatoire pour acheter, vendre ou conserver ses actifs numériques.

Pourtant, de nombreux utilisateurs se retrouvent confrontés à un problème : leurs cryptomonnaies sont bloquées. Retraits impossibles, transactions suspendues, fonds immobilisés… les témoignages se multiplient et concernent parfois des sommes considérables.

Ces blocages interviennent souvent lors de demandes répétées de vérification KYC / AML (Know Your Consumer et Anti-Money Laundering). En effet, des pièces d’identité sont exigées, ainsi que des justificatifs bancaires ou de domicile, représentant des contrôles laborieux. Pour un investisseur particulier, cela se traduit par un capital indisponible, un manque de visibilité sur la procédure, et une certaine perte de confiance envers la plateforme.

Face à ces préoccupations, une question se pose : comment récupérer une cryptomonnaie bloquée, et que faire face à une plateforme qui refuse ou retarde le déblocage des fonds ?
A travers cet article, le cabinet Schaeffer vous propose d’analyser les causes les plus fréquentes de ces blocages, les risques juridiques et financiers pour les utilisateurs, ainsi que les solutions possibles, notamment par le biais d’un avocat pour défendre vos droits et maximiser vos chances de récupérer vos actifs numériques.

 

Sommaire :

 

I. Pourquoi certaines plateformes bloquent les retraits ?

Les blocages de retraits de cryptomonnaies sont souvent justifiés par la nécessité de respecter les règles de KYC/AML. En effet, les plateformes sont légalement tenues de vérifier l’identité de leurs clients, de contrôler l’origine des fonds et de signaler toute opération suspecte. C’est pourquoi elles exigent régulièrement des justificatifs bancaires ou de domicile, parfois de manière répétitive. 

Au niveau international, le GAFI (Groupe d’Action Financière) exige l’enregistrement/licence des CASP (Crypto-Asset Service Providers), des contrôles fondés sur les risques, et l’application de la ‘’Travel Rule’’ (informations sur l’expéditeur et le bénéficiaire qui doivent accompagner le transfert de crypto-actifs). En Europe, MiCA (Markets in Crypto-Assets Regulation) instaure un cadre harmonisé (autorisations, organisation, protection des clients) et s’articule avec le Règlement européen 2023/1113 sur les transferts de fonds/crypto qui généralise la Travel Rule pour les CASP. Concrètement des vérifications KYC (pièces d’identité, justificatifs bancaires/de domicile, origine des fonds) et des contrôles renforcés en cas d’alerte. 

Cependant, dans la pratique, de nombreux utilisateurs dénoncent des procédures interminables avec notamment des documents jugés ‘’insuffisants’’, des vérifications qui s’éternisent, et souvent une absence de réponses claires du service client. Les forums spécialisés regorgent de témoignages d’investisseurs sont les fonds crypto restent bloqués pendant des semaines, voire des mois. 

 

Il est alors nécessaire de distinguer deux situations : 

  • La sécurité légitime : il s’agit ici d’une vérification ponctuelle motivée par la réglementation ou un risque avéré. Par exemple, après une activité suspecte (connexion depuis un pays inhabituel, tentative de retrait massif, incohérence dans l’identité déclarée). Ces contrôles visent seulement à protéger les fonds et à respecter la loi. 

 

  • Le blocage abusif : lorsque la plateforme multiplie les obstacles, manque de transparence et immobilise les actifs sans justification claire. Dans ce cas, l’utilisateur se retrouve privé de ses actifs numériques bloqués et perd confiance dans l’exchange car n’est plus garanti de retrouver ses fonds. 

 

Dès lors, ce qui crée la difficulté est justement la frontière entre un contrôle légitime et un blocage devenant abusif. Lorsqu’une vérification de sécurité se transforme en immobilisation prolongée, sans explication claire ni perspective de résolution, l’utilisateur se retrouve privé de ses fonds et sans recours évident, ce pour quoi il est amené à consulter un avocat. 

 

II. Quelles conséquences pour les investisseurs ? 

Lorsqu’un investisseur se retrouve face à une cryptomonnaie bloquée sur une plateforme d’échange, il n’est pas seulement confronté à un contretemps technique. Les blocages de retraits peuvent aussi avoir des impacts financiers, psychologiques et juridiques. 

Perte de liquidité et impossibilité de vendre 

La première conséquence est évidente : les fonds sont immobilisés. L’utilisateur ne peut pas vendre, transférer ou convertir ses actifs numériques. Il perd alors la maîtrise de son capital, alors même que l’un des principaux atouts des cryptomonnaies réside justement dans leur liquidité immédiate. Dans certains cas, il devient même impossible de déplacer ses actifs vers un portefeuille personnel (self-custody) laissant l’investisseur totalement dépendant de la plateforme. 

De plus, cela expose les investisseurs à la volatilité dans la mesure ou les marchés crypto sont connus pour leur instabilité. En effet, un actif peut perdre 20 % de sa valeur en quelques heures. Si l’investisseur est bloqué au moment où il souhaite vendre pour limiter ses pertes, ou au contraire pour sécuriser un gain), il se retrouve exposé sans possibilité d’action. Ainsi, ce risque de volatilité non maîtrisée peut transformer une opération rentable en perte sèche, uniquement à cause de l’impossibilité d’accéder à ses fonds.

 

Stress et incertitude juridique 

Aussi, faut-il rajouter qu’être confronté à des fonds crypto bloqués génère un stress considérable. Se retrouver avec des cryptomonnaies bloquées entraîne rapidement une forte charge de stress pour l’investisseur. Dans la majorité des cas, la plateforme ne donne aucune indication claire sur la durée du blocage : quelques heures, plusieurs semaines, voire indéfiniment. Cette absence de visibilité accentue le sentiment d’impuissance. 

A cela s’ajoute un problème récurrent : le service client. En effet, l’utilisateur n’obtient que des réponses automatiques et standardisées, sans réelle prise en compte de sa situation. Il est alors difficile, dans ces conditions, de savoir si le problème est purement administratif, lié à une suspicion de fraude ou autres. Sur le plan juridique, l’incertitude est tout aussi marquée. Le blocage est-il la conséquence d’un contrôle de conformité légitime imposé par la réglementation KYC/AML ? D’un excès de prudence de la plateforme qui multiplie les demandes de justificatifs ? Ou ben le symptôme de difficultés financières internes, voire d’un risque de défaillance ? 

Cela est d’autant plus préoccupant que le secteur des cryptomonnaies a déjà connu plusieurs scandales majeurs : faillites retentissantes (par ex Genesis Global Capital en 2023), détournements de fonds (par ex RR Crypto en 2021), ou encore des retraits suspendus lors d’effondrements de plateformes (comme BlockFi en 2022)… 

 

Conséquences fiscales 

Enfin, un aspect souvent négligé concerne la fiscalité des actifs numériques. En France, les gains réalisés lors de la cession de cryptomonnaies sont imposables (flat tax de 30% pour les particuliers). Mais que se passe-t-il lorsque les fonds sont bloqués ? Il faut savoir que lorsque des cryptomonnaies sont bloquées, la fiscalité devient un sujet complexe. Si l’investisseur n’a pas réalisé de cession effective, il ne devrait pas être imposé, mais il doit être en mesure de justifier cette situation en cas de contrôle. 

Le problème se complique si la plateforme refuse de fournir des relevés fiables car sans documents précis, la déclaration fiscale annuelle devient rapidement difficile. Aussi, en cas de perte définitive des fonds, par exemple en cas de faillite de la plateforme, l’investisseur doit pouvoir prouver cette perte afin de ne pas être imposé sur des gains fictifs. 

Il apparaît assez nettement qu’un accompagnement juridique est fortement recommandé pour sécuriser votre déclaration, anticiper les risques et éviter tout redressement ultérieur. 

 

III. Les limites des recours auprès des plateformes 

Service client lent ou absent 

Même lorsque l’investisseur entreprend toutes les démarches nécessaires, il se heurte souvent à un service client peu réactif ou quasi inexistant. Les réponses automatiques et les délais prolongés compliquent la communication et retardent le déblocage des fonds. Dès lors, cette lenteur accentue le stress et vous laisse dans l’incertitude quant à la situation de vos cryptomonnaies. 

Juridiction étrangère et manque de transparence 

Beaucoup de plateformes sont établies à l’étranger, hors de portée directe de la législation française ou européenne. Par conséquent, cela entraîne un problème de compétence juridictionnelle étant donné qu’il peut être difficile d’engager une action légale efficace contre une entreprise située dans un autre pays. Ainsi, le manque de transparence sur le fonctionnement interne des plateformes et sur les raisons exactes du blocage renforce ces difficultés, faisant que l’investisseur se retrouve souvent sans visibilité sur la procédure et sans recours simple pour faire valoir ses droits. 

Conditions générales d’utilisation favorables à l’exchange 

Enfin, les conditions générales d’utilisation (CGU) des plateformes sont généralement rédigées de manière à protéger l’exchange en cas de litige. Elles peuvent alors prévoir des clauses limitant la responsabilité de la plateforme, imposer une loi applicable étrangère, ou autoriser des suspensions de retraits en cas de suspicion de fraude ou de non-conformité aux obligations réglementaires. Donc, ces clauses compliquent les recours des investisseurs et rendent la récupération des fonds parfois très difficile, même lorsque le blocage paraît injustifié. 

 

IV. Pourquoi faire appel à un avocat spécialisé ?

Analyse du contrat et identification des clauses abusives 

Tout d’abord, l’avocat spécialisé peut analyser en détail les conditions générales d’utilisation (CGU) de la plateforme. Cette étape permet d’identifier les clauses abusives ou disproportionnées, qui limiteraient les droits de l’investisseur ou qui lui imposeraient des obligations injustifiées. Ainsi, comprendre le cadre contractuel est essentiel avant toute action, afin de savoir quels recours sont juridiquement possibles. 

Mise en demeure formelle pour débloquer les fonds 

L’avocat spécialisé peut rédiger une mise en demeure officielle adressée à la plateforme, lorsque le blocage persiste. Ce document constitue une étape clé : il formalise la demande de déblocage, rappelle les obligations légales et contractuelles de l’exchange, et crée une trace écrite qui pourra être utilisée dans le cadre d’éventuelles procédures judiciaires. 

Action judiciaire possible 

Si les démarches amiables échouent, l’avocat peut engager une action judiciaire. La stratégie dépendra du pays et de la juridiction compétente, mais elle peut inclure une injonction de paiement, une action en responsabilité contractuelle, voire un recours collectif si plusieurs investisseurs sont concernés. L’objectif est d’obtenir le déblocage des fonds et, le cas échéant, des dommages-intérêts pour le préjudice subi. 

 

Protection des droits de l’investisseur 

Enfin, l’avocat assure une protection globale des droits de l’investisseur, en sécurisant les démarches contractuelles, fiscales et réglementaires. Il peut coordonner un recours collectif lorsque plusieurs utilisateurs sont affectés par la même blocage, maximisant ainsi les chances de succès et renforçant la pression sur la plateforme pour libérer les fonds. 

 

V. Comment prévenir ce type de problème ?

Choisir des plateformes régulées 

Le premier réflexe pour sécuriser les cryptomonnaies est de privilégier les plateformes régulées. En Europe, cela inclut les plateformes enregistrées auprès de l’AMF en France ou de la BaFin en Allemagne. Aussi, aux Etats-Unis, les régulateurs tels que la SEC ou la CFTC encadrent certaines activités liées aux crypto-actifs. Dès lors, opter pour un exchange soumis à une supervision réglementaire réduit le risque de blocages abusifs et garantit un minimum de transparence et de recours pour l’investisseur. 

Vérifier la réputation et les avis utilisateurs 

Avant d’ouvrir un compte sur une plateforme, il est également crucial de vérifier sa réputation et de consulter les avis d’autres utilisateurs. En effet, les forums spécialisés, les réseaux sociaux et les rapports d’analystes permettent d’identifier des signaux d’alerte : plaintes récurrentes pour blocage de fonds, service client inexistant, ou incidents passés de fraude et de faillite. Par exemple, des forums tels que Bitcointalk.org ou encore CryptoFR comprennent des sections sur le échanges, portefeuilles et expériences utilisateurs… 

Privilégier le self-custody 

Pour réduire les risques liés aux blocages, l’investisseur peut opter pour le self-custody, à savoir la détention directe de ses cryptomonnaies via un wallet personnel et la maîtrise de sa clé privée. Cette approche permet de conserver le contrôle total des fonds et de ne pas dépendre d’aucune plateforme pour les retraits ou pour les transferts. Ainsi, même si elle demande un peu plus de rigueur, la self-custody est l’une des protections les plus efficaces contre l’immobilisation des actifs. 

Diversifier ses points d’accès 

Il vous est enfin recommandé de diversifier les points d’accès aux cryptomonnaies. En effet, ne pas concentrer l’ensemble de ses fonds sur un seul exchange ou portefeuille réduit les risques car en cas de blocage ou de faillite d’une plateforme, seule une partie du capital est impactée. Cette diversification peut inclure des wallets personnels, différents exchanges régulés, ou encore des solutions hybrides combinant sécurité et liquidité. 

 

VI. CONCLUSION

Ainsi, se retrouver avec des cryptomonnaies bloquées sur une plateforme d’échange est une situation stressante, qui peut affecter la liquidité, exposer à la volatilité du marché et compliquer la fiscalité. Ces blocages résultent souvent de contrôles KYC/AML légitimes, mais peuvent aussi relever de pratiques abusives ou d’un manque de transparence des plateformes. 

Les recours auprès des exchanges sont limités : services clients peu réactifs, juridiction étrangère et clauses contractuelles favorables à la plateforme compliquent la récupération des fonds. C’est pourquoi l’accompagnement d’un avocat spécialisé est essentiel, permettant d’analyser le contrat, identifier les clauses abusives, formaliser des demandes de déblocage, engager des actions judiciaires et protéger les droits de l’investisseur. 

Enfin, la prévention reste la meilleure stratégie : choisir des plateformes régulées, vérifier leur réputation via des forums et avis utilisateurs, privilégier le self-custody et diversifier ses points d’accès permettent de réduire considérablement les risques. 

 

VII. FAQ

Pourquoi ma cryptomonnaie est bloquée ? 

Les blocages surviennent généralement à cause des exigences réglementaires liées au KYC/AML cités ci-dessus, mais peuvent aussi résulter d’une suspicion de fraude, d’un excès de prudence de la plateforme ou de problèmes internes de liquidité. Il est important de vérifier la nature exacte du blocage pour savoir quelles démarches entreprendre. 

 

Combien de temps peut durer une vérification KYC ? 

La durée varie selon la plateforme et la complexité du dossier. Dans certains cas, la vérification peut être effectuée en quelques heures, mais elle peut aussi durer plusieurs semaines si des documents supplémentaires sont demandés ou si le service client est peu réactif. 

Un avocat peut-il vraiment m’aider à récupérer mes fonds ? 

Oui. Un avocat spécialisé peut analyser le contrat, identifier des clauses abusives, rédiger des mises en demeure, engager des actions judiciaires et accompagner l’investisseur dans ses démarches auprès des autorités financières. Son intervention augmente considérablement les chances de déblocage des fonds et protège vos droits.

 

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