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Dénonciation fiscale

Dénonciation fiscale : comment signaler une fraude au fisc en toute sécurité – rôle clé de l’avocat, étapes et possibilité de rémunération

La lutte contre la fraude fiscale est une priorité des pouvoirs publics. Particuliers, salariés ou professionnels peuvent désormais contribuer activement à cette lutte en signalant des irrégularités fiscales à l’administration.

Mais une telle démarche n’est jamais anodine. Elle doit être rigoureuse, étayée et juridiquement encadrée. Ce guide vous détaille toutes les étapes pour dénoncer une fraude fiscale en France, en expliquant pourquoi l’accompagnement d’un avocat est indispensable, et dans quelles conditions une rémunération peut être envisagée.

 

Sommaire :

 

I. Comprendre ce qu’est une dénonciation fiscale

Une dénonciation fiscale consiste à transmettre volontairement à l’administration fiscale précises et probantes sur une présomption de fraude fiscale. Celle-ci peut inclure :

  • Travail dissimulé / revenus non déclarés (loyers, honoraires…),
  • Domiciliation fictive à l’étranger,
  • Non-déclaration de comptes ou d’actifs,
  • Fausse facturation, abus de droit fiscal,
  • Organisation de l’insolvabilité.

Il faut tout de même faire attention sur un point important. En effet, une simple erreur ou une négligence ne constitue pas une fraude fiscale (et cela peut se retourner contre celui qui dénonce).

 

II. Les étapes concrètes pour effectuer une dénonciation fiscale

Plusieurs étapes sont nécessaires :

  1. Identifier les faits constitutifs d‘une fraude fiscale. Celle-ci dit être volontaire et organisée, pas une simple négligence
  2. Réunir des preuves. Cela peut être des documents écrits (factures, contrats), relevés bancaires, mails, captures d’écran, témoignages, rapports, fichiers comptables…
  3. Choisir le bon canal de signalement. Il existe quatre voies possibles :

a) Par courrier à la DGFIP

Il faut adresser un dossier au service de contrôle fiscal compétent, ou à la direction spécialisée si la fraude est complexe (ex : DNVSF, DIRCOFI…).

b) Via le portail officiel : www.impots.gouv.fr

Un formulaire de contact permet de déposer un signalement en ligne.

c) Par l’intermédiaire de votre avocat

L’avocat peut effectuer le signalement de manière confidentielle et protégée.

d) Dans le cadre du statut de lanceur d’alerte (loi Sapin II)

Si vous êtes salarié ou collaborateur interne, vous pouvez être protégé contre toute mesure de représailles en suivant la procédure prévue par la loi n°2016-1691 du 9 décembre 2016.

 

III. Peut-on rester anonyme lors d’une dénonciation fiscale ?

a) Oui, c’est possible, notamment :

  • Par courrier anonyme à la DGFIP,
  • Via le formulaire en ligne sur impots.gouv.fr (sans identification obligatoire),
  • Par l’intermédiaire d’un avocat, tenu au secret professionnel.

b) Limites de l’anonymat :

  • Si vous souhaitez bénéficier d’une récompense, votre identité devra être révélée.
  • En cas de procédure judiciaire, l’anonymat ne pourra pas être garanti.

c) Avantage de passer par un avocat :

Choisir l’anonymat lors d’un signalement fiscal offre une protection précieuse, notamment dans les situations sensibles.

1) Préserver sa réputation

Il évite d’être exposé publiquement, ce qui est essentiel dans les environnements professionnels ou familiaux restreints.

2) Encourager la parole

Il facilite les signalements spontanés, même lorsqu’il n’y a aucun intérêt personnel à agir.

 

IV. Le droit à la rémunération du dénonciateur fiscal

Oui, dans certains cas : la loi permet à l’administration fiscale de récompenser les aviseurs fiscaux.

a) Conditions :

  • La fraude doit être grave (supérieure à 100 000 euros), complexe ou internationale.
  • Les informations doivent être nouvelles, précises et déterminantes.
  • Il faut accepter de révéler son identité à l’administration.

b) Montant :

  • Aucune grille fixe, mais les récompenses peuvent aller de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers d’euros selon le dossier. La rémunération peut aller jusqu’à 15% du montant récupéré par le fisc.

 Rien n’est garanti : la décision de rémunérer est à la discrétion de l’administration.

c)   Ce que fait l’avocat :

  • Il formule une demande motivée de gratification,
  • Il vous conseille sur l’opportunité de la réclamer,
  • Il vous protège juridiquement et stratégiquement.

 

V. Rétablir une concurrence loyale grâce à la dénonciation

La fraude fiscale n’est pas seulement un manquement à la loi : elle constitue une atteinte directe à la concurrence loyale. Lorsqu’un acteur économique dissimule une partie de ses revenus, contourne la TVA ou emploie illégalement, il réduit artificiellement ses coûts, fausse ses prix et déstabilise le marché. Les entreprises respectueuses des règles se retrouvent alors désavantagées, perdent des parts de marché, ou sont contraintes de rogner sur leurs marges pour rester compétitives. La dénonciation permet donc de corriger ces distorsions, en signalant ceux qui prospèrent sur le non-respect des règles fiscales, et en rétablissant une égalité de traitement entre professionnels. C’est aussi un acte de protection économique pour les acteurs honnêtes, qui refusent de voir leur effort sapé par des pratiques illégales.

 

VI. Pourquoi se faire accompagner par un avocat fiscaliste ?

Plusieurs questions juridiques et stratégiques se posent concernant une dénonciation. Si elle est mal faite, elle expose le client à des risques personnels, pénaux ou stratégiques. Le recours à un avocat est une protection essentielle. Elle permet de :

  • Sécuriser juridiquement la démarche. En effet, il qualifie juridiquement les faits grâce à son expertise (fraude fiscale ou erreur), ce qui permet d’éviter une dénonciation calomnieuse ou diffamatoire. Il préserve également l’anonymat ou la confidentialité du client via le secret professionnel.
  • Construire un dossier solide. L’avocat aide à identifier et organiser les preuves qui sont exploitables (emails, relevés, factures, documents comptables…). Ensuite, il formule un signalement structure et juridiquement pertinente, ce qui augmente les chances d’être pris au sérieux.
  • Représenter le client auprès de l’administration. L’avocat peut agir au nom du client ou pour son compte, ce qui évite de l’exposer directement (il ne révèle pas l’identité du client). Il peut également formuler une demande de rémunération si toutes les conditions sont réunies.
  • Choisir le canal et la procédure. Grâce à ses compétences, il oriente le client vers le canal approprié et l’accompagne dans toutes les démarches, y compris concernant la récompense.
  • Faire une gestion des suites possibles. En effet, l’avocat assure un suivi direct avec l’administration et défend le client en cas de représailles, contentieux ou tentative d’intimidation.

Ainsi, le rôle de l’avocat est d’une importance capitale. Si la procédure est mal réalisée, le client risque d’être condamnée pour procédure diffamatoire, de perdre son anonymat ou de voir sa demande être ignorée. Le recours à un avocat permet entre autres d’éviter tout cela.

 

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