Créer une société au Luxembourg : guide complet
Le Luxembourg, grâce à sa stabilité politique, son régime fiscal attractif et son ouverture internationale, reste une juridiction prisée pour la création de sociétés.
Que ce soit pour une activité commerciale, de gestion de patrimoine ou d’investissement, le Grand-Duché offre un cadre souple mais rigoureux. Voici un tour d’horizon complet des étapes et conditions pour créer une société au Luxembourg.
Sommaire :
- I. Choix du type de société : forme juridique adaptée au projet
- II. Procédure de création : étapes et formalités
- III. Démarches post-création : mise en conformité
- IV. Coûts et délais
- V. Avantages du Luxembourg pour l’entrepreneuriat
- V. Points de vigilance
I. Choix du type de société : forme juridique adaptée au projet
Le choix de la forme juridique de la société est primordial. Il existe trois formes de société :
- La société à responsabilité limitée (SARL). Pour cette forme, il faut un minimum d’1 associé et un maximum de 100 associés. Un capital social minimum de 12 000 euros est exigé. La responsabilité des associés est limitée aux apports et la société est gérée par un ou plusieurs gérants.
- La société anonyme (SA). Il faut au minimum un actionnaire et un capital social de 30 000 euros minimum. S’il y a plusieurs administrateurs, le Conseil d’administration est obligatoire. Enfin, les actions sont librement cessibles.
- La société à responsabilité limitée simplifiée (SARL-S). Cette forme sociale est réservée aux personnes physiques. Le capital social est compris entre 1 à 11 999 euros (au-delà, on passe sur la SARL classique). Contrairement à la forme classique, le forme est simplifiée et peu coûteuse. La SARL-S est idéale pour les startups ou les petites activités.
II. Procédure de création : étapes et formalités
Tout d’abord, il faut forcément rédiger les statuts car c’est obligatoire qu’importe la forme de la société. Pour les trois formes citées juste avant, un acte notarié est requis. Les statuts doivent contenir plusieurs informations importantes dont :
- La dénomination
- Le siège
- L’objet social
- Le capital
- La gestion
- La durée
L’entrepreneur doit lui fournir :
- Une pièce d’identité de toutes les personnes physiques jouant un rôle dans l’entreprise
- Un document attestant du domicile
- Un extrait du casier judiciaire de l’entrepreneur
- Un justificatif de l’imposition
- Une attestation de non-faillite personnelle rédigée par un notaire
- Un diplôme d’enseignement supérieur ou un certificat.
Ensuite, le capital doit être déposé sur un compte bancaire luxembourgeois au nom de la société en formation. Cela permet à la banque de remettre une attestation de blocage du capital social. En effet, le Luxembourg prend des précautions pour s’assurer que l’entreprise dispose effectivement du montant indiqué. Ce capital sera débloqué uniquement quand l’entrepreneur présentera un dossier avec :
- Un certificat de blocage émanant du notaire
- Des statuts définitifs
- Des informations sur les divers bénéficiaires économiques de l’entreprise
De plus, l’acte de constitution de la société doit être signé devant le notaire, obligatoirement pour la SA et la SARL. La société sera enregistrée auprès du Registre de Commerce et des Sociétés (RCS). Enfin, il y a une publication obligatoire de l’acte de constitution au Recueil électronique des sociétés et associations (RESA).
III. Démarches post-création : mise en conformité
À la suite de la création de la société, il faut effectuer une demande d’autorisation d’établissement. Cette étape est obligatoire pour exercer une activité commerciale, artisanale ou industrielle. Cette autorisation est accordée par le Ministère de l’Économie. Il existe plusieurs conditions :
- Honorabilité et qualifications professionnelles. Ces qualités contribuent à renforcer l’intégrité des professionnels du secteur et rassurent aussi bien les partenaires que les clients. Le Ministère va examiner plusieurs éléments :
- Casier judiciaire
- Déclaration sous serment retraçant les postes de direction occupés au cours des trois années précédentes
- Déclaration notariée de non-faillite pour ceux résidant sur le territoire depuis cinq ans
- Diplômes et certificats attestant de la capacité du demandeur dans le domaine
- Siège effectif au Luxembourg
Le dossier de demande doit contenir un document attestant de son identité et une preuve de paiement (pour la chancellerie), ainsi que le projet de statut.
Il faut également faire une demande d’immatriculation à la TVA auprès de l’Administration de l’Enregistrement, des Domaines et de la TVA (AED). Cette phase est nécessaire dès que le seuil de 35 000 euros de chiffres d’affaires a été dépassé (sauf exceptions). Enfin pour avoir des affiliations fiscales et sociales, il faut s’enregistrer à l’Administration des contributions directes, et s’affilier au Centre Commun de la Sécurité Sociale (CCSS) pour les salariés ou les gérants. Par la suite, la société devra immatriculer tous ses employés par l’intermédiaire d’une déclaration d’exploitation.
IV. Coûts et délais
Voici une liste non exhaustive de coûts estimés pour la procédure de création de société :
- Frais notariés : environ 1000 à 2500 euros
- Publication au RESA : 50 à 100 euros
- Ouverture de compte bancaire : variable
- Services d’accompagnement (avocats, fiduciaires) : à partir de 1500 euros
Ici une liste de délais à connaître :
- 2 à 3 semaines pour la constitution de la société
- 1 à 3 mois pour l’autorisation d’établissement de la société
- Quelques jours à quelques semaines pour l’immatriculation à la TVA et les affiliations
V. Avantages du Luxembourg pour l’entrepreneuriat
Le Luxembourg bénéficie de plusieurs avantages au niveau de l’entrepreneuriat. Parmi eux :
- Un régime fiscal compétitif. En effet, le taux effectif de l’impôt sur les sociétés est variable mais en 2025, il est d’environ 24,94%
- Des exonérations partielles sur dividendes et plus-values (participation exemption)
- Aucune retenue à la source sur les intérêts intra-groupe
- Une stabilité juridique et politique ainsi qu’une infrastructure financière solide
- Une position stratégique (placé au centre de l’Europe). Grâce à cela, le pays bénéficie d’un fort développement et d’un très faible taux de chômage.
- Une rapidité des procédures administratives (voir le point sur les délais)
VI. Points de vigilance
Cependant malgré ces avantages, il faut faire attention à certains aspects juridiques et pratiques concernant la création de société, notamment :
- Une substance économique requise pour éviter la requalification par les autorités fiscales
- Un contrôle accru des bénéficiaires effectifs au Registre des bénéficiaires effectifs (RBE)
- Une conformité aux règles européennes (AML, DAC6…)
- Une lenteur du retour sur investissement
- Un nombre réduit de forme d’entreprise
- Des prix et salaires élevés (locations, salariés) dus au niveau de vie élevé
- L’autorisation nécessaire pour exercer des activités commerciales
- Une difficulté à obtenir des financements pour les nouvelles activités
Conclusion
Créer une société au Luxembourg est une démarche encadrée mais accessible, à condition de bien préparer chaque étape. Le recours à un professionnel (avocat, notaire, fiduciaire) est fortement recommandé pour garantir conformité et efficacité. Grâce à son environnement favorable aux affaires, le Luxembourg demeure une destination clé pour les entrepreneurs européens et internationaux.