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projet de loi 2025

Que nous réserve le projet de loi 2025 ?

Publié le jeudi 10 octobre 2024 dans un contexte politique et économique assez particulier, le Projet de la loi de finance 2025 est marqué par une ambition inouïe de redressement des comptes publics.

L’objectif global est de ramener à 5 % le déficit public en 2025 puis à 3 % d’ici 2029 avec la construction d’un effort global de soixante milliards d’euros qui implique la diminution des dépenses de près de 40 milliards d’euros et la hausse des recettes de près de 20 milliards.

Dans ce sens, le gouvernement prévoit avec le projet de Loi la baisse des dépenses et la hausse des recettes avec pour objectif au niveau de la participation aux recettes de 13.6 milliards d’euro au niveau des entreprises et 5.7 milliards d’euro pour ce qui est des recettes de particuliers. Ces prévisions entre autres sont prévues afin d’atteindre l’objectif global qu’est la construction de l’effort des soixante milliards d’euros en adoptant une dynamique de moindres dépenses de 68 % et hausses de recettes de 32%.

 

Sommaire :

 

I. Les mesures fiscales majeures

Sur la trajectoire de la réalisation de l’effort global, le Projet de la Loi de Finance 2025 abrite de nouvelles mesures fiscales à mettre en œuvre au niveau des entreprises, des particuliers mais aussi d’autres mesures diverses pouvant optimiser l’atteinte de l’objectif global.

 

1. Evolutions de l’impôt sur le revenu et les taxes

Le projet de loi de finances 2025 prévoit plusieurs mesures clés en matière d’impôt sur le revenu, visant à ajuster la fiscalité des particuliers aux objectifs de recettes poursuivis pour 2025.  Dans le cadre de ces mesures on a notamment :

  • L’instauration d’une imposition minimale temporaire pour les plus hauts revenus (art. 3) ;
  • L’indexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu pour les revenus de 2024 et des grilles de taux par défaut du prélèvement à la source (art. 2) ;
  • La sécurisation des modalités d’imposition applicables aux personnes non-résidentes de France (art. 23) ;
  • L’aménagement du régime des bons de souscription de parts de créateur d’entreprise (BSPCE) (art. 25) ;
  • L’aménagement du régime des loueurs en meublé non professionnels (LMNP) (art. 24).

 

2. Réforme de la fiscalité des entreprises

Avec pour objectif au niveau de la participation aux recettes de 13.6 milliards d’euro au niveau des entreprises, le projet de la loi des finances 2025 prévoit des mesures fiscales exceptionnelles, ciblées et parfois temporelles applicables aux entreprises. On a notamment dans ce sens :

  • L’instauration d’une contribution exceptionnelle sur le bénéfice des grandes entreprises (art 11) ;
  • L’instauration d’une contribution exceptionnelle sur le résultat d’exploitation des grandes entreprises de transport maritime (art. 12) ;
  • Le report de trois ans de la suppression de la Cotisation sur La valeur ajoutée des entreprises (CVAE) (art. 15) ;
  • L’instauration pour les grandes entreprises d’une taxe sur les réductions de capital consécutives au rachat de leurs propres titres (art. 26) ;
  • L’aménagement du régime spécial de certaines opérations de restructurations d’entreprises (art. 17).

 

3. TVA et autres taxes indirects 

Pour ce qui est de la TVA, le projet de loi de finances (PLF) 2025 procède à la mise en cohérence avec le droit de l’UE des taux réduits de TVA sur les opérations liées au chauffage (art. 10), dans le but de favoriser entre autres la transition écologique et de revoir certains taux pour des dépenses précises. On relève dans ce sens :

  • Le taux réduit de 5,5 % qui bénéficierait aux seules opérations de fourniture de chaleur lorsqu’elle est produite à 50 % au moins à partir d’énergie renouvelable au sens de l’article L. 211-2 du Code de l’énergie ou d’un processus dont l’objet n’est pas la production de chaleur (CGI, art. 278-0 bis, B amendé) ;
  • Les chaudières à énergies fossiles qui sont exclues des taux réduits, sauf pour l’entretien et la réparation des matériels existants et sont désormais soumises au taux de droit commun de 20 % (CGI, art. 278-0 bis A, III bis nouveau) ;

 

II. Dépenses publiques et priorités sectorielles

1. Investissement dans la transition écologique

Dans le cadre de l’investissement dans la transition écologique, le PLF 2025 prévoit l’adaptation des tarifs d’accise sur l’électricité en sortie du bouclier tarifaire. Dans ce sens, pour soutenir les ménages et les entreprises face à la crise énergétique, l’État a mobilisé plusieurs leviers, dont un renoncement quasi-intégral aux recettes de l’accise sur l’électricité de 2022 à 2024, pour un coût d’environ 26 Md€. Ainsi, les tarifs d’accise sur l’électricité ont été portés à leurs niveaux minimum autorisés par le droit européen. Dans cette même dynamique, le PLF 2025 prévoit également le renforcement des malus sur les émissions de CO2 des véhicules de tourisme.

2. Santé et éducation : priorités budgétaires

Le secteur de la santé et de l’éducation fait l’objet de l’attention du gouvernement dans le PLF 2025. Dans ce sens, il est prévu des investissements significatifs dans ces secteurs. De prime abord, en santé, des financements sont destinés à moderniser les infrastructures hospitalières et à augmenter les effectifs médicaux d’ici 2030, répondant aux besoins de soins de proximité et aux futures pénuries de personnel médical. Pour l’éducation, le gouvernement s’engage à renforcer le primaire et le préscolaire en généralisant les « écoles pionnières » et en recrutant 14 000 enseignants supplémentaires.

3. Sécurité et défense

Le PLF 2025 prévoit la consolidation des moyens pour la sécurité pour faire face à toutes les menaces et aux besoins importants en matière de sécurité. Dans ce sens, les moyens des forces de sécurité sont consolidés en 2025, avec une hausse de 587 M€ soit +3,5 % par rapport à 2024, conformément aux priorités du Gouvernement en matière de sécurité des Français. Elle prévoit également la modernisation et l’optimisation de l’action des forces de sécurité.

4. Soutien à l’emploi

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 propose une réduction du budget de la mission « Travail et Emploi » de près de 10 %, recentrant les priorités sur l’insertion des jeunes, des seniors et des personnes éloignées de l’emploi. Les aides pour l’apprentissage sont diminuées, et les « emplois francs » supprimés en raison de leur faible impact.

 

III. Mesures pour les ménages et le pouvoir d’achat

1. Aides aux ménages en matière de logement 

Le PLF 2025 prévoit l’extension du Prêt à Taux Zéro (PTZ) à l’ensemble du territoire en 2025, et non plus seulement dans les zones urbaines facilitant l’accession à la propriété pour les primo-accédants. Le dispositif pourrait inclure des maisons individuelles et couvrir jusqu’à 50 % du montant de l’achat, réduisant ainsi les frais pour les ménages éligibles.  Le PLF 2025 prévoit également un volet social orienté vers la lutte contre le sans-abrisme ; Il a été comptabilisé dans le budget 2025 une enveloppe plus importante que l’année passée pour le plan logement qui lutte contre le sans-abrisme et un maintien des capacités d’accueil des parcs d’hébergement d’urgence.

 

2. Soutien au pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires

Pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens, le PLF 2025 prévoit l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation hors tabac. Cette mesure, dont le coût est évalué à 3,7 Md€, permet d’éviter à près de 530 000 foyers d’entrer dans le champ de l’impôt sur le revenu. Elle protège dans ce sens les populations d’une augmentation de la fiscalité liée à l’inflation. Par ailleurs, en faisant contribuer les ménages les plus aisés au redressement des comptes publics par la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus afin de réduire les disparités fiscales, les prévisions du PLF 2025 ont dans ce sens un effet positif indirect pour les classes moyennes et populaires.

 

3. Mesures pour le développement des transports publics

Pour ce qui est des mesures de développement des transports publics, le PLF 2025 soutient le développement des infrastructures de transports en commun, en lien avec la transition écologique. Précisément, il prévoit le renforcement des malus sur les émissions de CO2 applicables aux véhicules de tourisme dans une perspective pluriannuelle pour offrir de la visibilité aux acteurs économiques de ce secteur.

 

IV. Réactions et controverses autour du projet de loi

« Une dépense maîtrisée, un effort juste, une France souveraine » ; Ces mots décrivent brièvement l’ambition du gouvernement à travers le PLF 2025 dont les prévisions quoiqu’étant innovantes et intéressantes au regard de leur formulation, font l’objet pour les nouvelles, de controverses et de débats houleux auprès des partis politiques, de l’assemblé nationale et de l’opinion publique.

Ayant fait l’objet de plusieurs critiques au sein de différents partis politiques, les réactions de ceux-ci présageait la friction des débats au sein de l’assemblée nationale. Dans ce sens, le 12 novembre dernier l’Assemblée nationale a rejeté la première partie du projet de loi de finances pour 2025, l’ensemble du Budget 2025 est de ce fait rejeté par l’Assemblée nationale, en première lecture. 

Par ailleurs, l’opinion publique critique entre autres, l’approche du gouvernement concernant la suppression du dispositif Pinel sans plan de remplacement immédiat, ce qui pourrait freiner l’investissement locatif dans un contexte immobilier déjà fragile.

 

V. Les prochaines étapes et le calendrier de la mise en œuvre

Déposé par le conseil des ministres le 10 Octobre dernier le projet de la loi de finance se trouve actuellement au niveau de la phase parlementaire dont l’examen parlementaire s’étend légalement sur 3 mois soit d’octobre en décembre 2024.  La phase auprès de l’assemblée nationale s’étend généralement sur 4 phases, la première du 21 au 25 octobre 2024 relative à la discussion de la première partie du PLF, consacrée aux recettes. La deuxième étape ficée au 29 octobre 2024, relative au vote solennel sur la première partie du PLF, la troisième étape fixée au 5 novembre 2024 axée sur le début de l’examen de la seconde partie du PLF, dédiée aux dépenses, organisé autour de 18 thèmes majeurs comme la sécurité, l’éducation ou l’agriculture et la quatrième étape prévue pour le 19 novembre 2024 relative au vote solennel sur l’ensemble du PLF.

Après le passage à l’Assemblée, le PLF est transmis au Sénat pour une nouvelle lecture. La navette parlementaire entre les deux chambres s’achève autour du 21 décembre 2024. Après la phase parlementaire vient celle de l’autorisation et de la promulgation du projet de loi. Dans tous les cas, le budget 2025 devra être promulgué par le président de la république et publié au journal officiel au plus tard le 31 décembre 2024.

 

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